Projet Vivre sa Vie à la Maison de la solidarité de Créteil

Depuis plusieurs années, le collectif de photographes Images Buissonnières propose aux enfants, aux adolescents et aux adultes d’interroger les différentes représentations du masculin et du féminin dans le monde contemporain.
À la Maison de la Solidarité, un groupe de femmes jeunes et adultes a réalisé un travail photographique autour des parcours et expériences de vies de femmes de chacune.
Ensemble, nous avons parlé de l’enfance, de l’adolescence, évoqué la famille, les enfants, les pays lointains, les désirs d’avenir …
Récits de vies croisés, aventure artistique, entre les images et les mots, c’est la vie qui circule et se révèle.

D’une époque...

« Avant, nous n’avions pas la possibilité d’être avec des garçons, les écoles étaient séparées, on se rencontrait d’une cour à l’autre…
Nous avions toutes des blouses ou des tabliers, on nous laissait juste le choix des couleurs. Ça évitait un peu de voir les différences...
Je me souviens d’une fille qui venait d’une famille aisée et cela se voyait, elle changeait souvent de tenue…
Le lundi pour nous, c’était l’inspection générale, on devait avoir les mains, le cou et les oreilles bien propres et avoir changé sa chemise …
Moi, j’étais dans un petit pays, si on sortait avec un garçon, tout le monde le savait et si ça durait trois mois, c’était qu’on devait se marier…
J’ai connu l’époque où une fille de 25 ans devait faire la demande à son père si elle voulait se marier…
Le milieu familial a eu et a une influence sur nous, chacune avec ses photos amène un peu de son passé, de ses origines, et nous n’avons pas toutes la même liberté. »

À l’autre.

« Pour nous la mixité à l’école, c’est normal, les filles et les garçons se mélangent…
Nous avons connu l’uniforme aux États-Unis à l’école primaire, mais nous n’aimions pas trop…
Aujourd’hui aussi si on te voit parler avec un garçon souvent, on va te dire : tu sors avec lui ?
Maintenant c’est plus libre, c’est mieux, avant c’était vraiment trop strict
et finalement il n’y a pas trop de problèmes entre les filles et les garçons aujourd’hui.»

Les images choisies :

« Les photos que nous avons choisies racontent un petit bout de notre vie, elles nous représentent et parlent de la famille, des moments importants sans que cela soit trop intime…
Pour réaliser des photographies, il faut réfléchir et penser à ce que l’on va faire alors que prendre un selfie, c’est juste spontané...
Avec la photographie, la grande difficulté, c’est de se montrer et cela peut devenir compliqué pour certaines femmes...
C’est comme si l’on posait pour des étrangers et que les gens allaient découvrir des choses de l’ordre du privé...
Les photos nous apprennent que nous sommes toutes différentes...
Au début pour moi, c’était un peu comme un défi, l’idée de se montrer, c’était difficile, j’ai finalement accepté et laissé faire les choses, c’était l’aventure, la découverte...
Retrouver des photos du passé de la famille quand les gens ne sont plus là c’est difficile, il y a des larmes et de la joie, on se revoit petite…
Avec ces images, je veux laisser une trace de mon parcours, je les garde pour plus tard et voir comment ma vie va évoluer, vers quoi je vais aller...
En fait, je me suis permis de faire quelque chose pour moi. »

Projet réalisé en compagnie de Adja, Amy, Florine, Gaëtane, Marie- Sylvie, Martine, Myrieme, Penda, Renée, Rosse Marie, Saaniha, Viviane. 

Dominique Cartelier